Scandale de la culture de coton en Asie Centrale

Dans les années 1960 et 1970, le gouvernement de l’URSS a voulu cultiver de grandes quantités de coton pour ses besoins et pour pouvoir exporter. Or, la culture du coton nécessite de la chaleur et de l’eau, beaucoup d’eau. La seule région suffisamment chaude pour la culture du coton en URSS se situait en Asie centrale, au Kazakhstan et en Ouzbékistan. Le problème, c’est que cette région n’avait pas assez d’eau car elle est semi-désertique. Mais miracle : 2 grands fleuves traversent la zone, alimentés par les fontes de neiges de l’Himalaya : le Syr-Daria et l’Amou-Daria. Le gouvernement a donc mis en place de nombreux ouvrages hydrauliques, tels que des barrages et des canaux afin de permettre l’irrigation de zones désertiques. L’idée de base est bonne : cultiver plus, créer des emplois et emmener la prospérité dans cette région très pauvre. Mais cela s’est très très mal passé comme vous allez le découvrir dans cet article.

Assèchement de la mer d’Aral

Le problème, c’est que ces deux fleuves se jettent dans la mer d’Aral, qui n’est pas vraiment une mer, mais un lac endoréique, c’est-à-dire qu’il n’est alimenté en eau que par ces deux fleuves. Ce très grand lac mesurait 68 000 km² en 1960 (l’équivalent de 10 départements français) et était très poissonneux, alimentant ainsi pêcheries, mais aussi des fabricants et des réparateurs de bateaux… En clair, ce lac faisait vivre tout un certain nombre de personnes…

Or, en déviant de plus en plus d’eau des deux fleuves, de moins en moins d’eau n’est arrivée dans la mer d’Aral. En 1960, 20 à 60 km3 d’eau ont été détournées. Or, souvenez-vous, je vous disais que la région de la mer d’Aral est très chaude. Donc l’eau s’évapore très vite. L’eau venant des fleuves rapidement n’a plus compensé l’eau s’évaporant de la mer d’Aral. Par conséquence, le volume total du lac diminue rapidement : 20 à 60 centimètres par an, puis rapidement 1 mètre par an…

mer-aral

Or, le lac n’est pas profond : 16 mètres de profondeur moyenne. Donc le recul des rivages est très rapide, le rivage reculant de plusieurs kilomètres par an – plus de 100 kilomètres depuis le début de l’irrigation. La Mer d’Aral est quasiment inexistante aujourd’hui, comme l’atteste les nombreuses épaves de bateaux qui reposent au milieu du désert aujourd’hui.

Une activité économique détruite

Mais pire que tout : le lac était très légèrement salé. Or le sel lui ne s’évapore pas. Comme le volume d’eau du lac diminue, la salinité s’est mis à augmenter, tant et si bien que la vie y est devenue impossible. Plus de poissons. Plus de port. Les villes autrefois situées au bord de la mer d’Aral vivaient avant tout de la pêche. Les ports autrefois relativement prospères sont devenus des villes ravagées par l’alcool et le chômage.

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La dégradation de l’environnement a un impact directe sur la santé des habitants

Encore pire : avec un lac beaucoup plus petit, le lac qui tempérait autrefois le climat de la région ne tempère plus rien. Bilan : des climats encore plus chaud l’été, encore plus froid l’hiver. Et, avec le sel laissé par l’évaporation du lac, les vents emportent le sel, mais aussi les pesticides que les fleuves charrient entre les cultures de coton et la mer, et les emporte partout. Chaque jour, 200 000 tonnes de sel et de sable (mais  aussi de pesticides dus à la culture de coton) sont emportés par le vent (source), ce qui rend stérile toutes les terres dans un rayon de 300 kilomètres autour du lac. Et ce qui provoque aussi le plus fort taux de mortalité infantile au monde.

Au final, la culture du coton a réduit le lac de plus de 75% en taille et de 90% en volume. Les terres stérilisées ont de plus en plus de mal à cultiver le coton, et les peuples locaux sont encore plus pauvres…

 Crédits photos: Wikipedia

 

 

Pourtant des solutions sont possibles

Avec la diminution du lac, le lac a diminué en deux lacs : la petite mer et la grande mer. Un barrage a été construit et a permis pour l’instant une remontée des eaux de la petite mer, et de relancer à un faible niveau l’activité portuaire de la ville d’Aral.

Et le canal de Karakoum, principal canal détournant les eaux des deux fleuves a été mal conçu, laissant s’évaporer plus de la moitié de l’eau prélevée. On pourrait tout d’abord rénover le canal pour chasser le gaspillage, et diminuer la culture du coton en aidant l’Ouzbékistan (pays très pauvre) en se développant vers des solutions moins gourmandes en eau. Cela ne supprimera pas les errances du passé, mais peut-être ainsi que la mer d’Aral pourra progressivement reprendre un peu de vie, et qui sait peut-être un jour, son lustre d’antan.

 

Cet article est désormais terminé. J’espère qu’il vous a intéressé et bonne visite sur eco-malin.com.

 

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