6 moyens originaux de produire de l’énergie

Quand on pense à la production d’éléctricité, on pense souvent au nucléaire, aux éoliennes, ou aux centrales au charbon… Si l’immense majorité de l’électricité dans le monde est produite avec des énergies fossiles (charbon en tête) et la majorité du reste avec le nucléaire et l’hydraulique (à parts égales) il existe pourtant des moyens innovants et écologiques pour produire de l’électricité comme nous allons le voir au cours de cet article.

Méthode 1: Centrale électrique lacustre

Faisons un tour du côté du Rwanda. Petit pays de 26 000 km² (l’équivalent de la superficie de l’Auvergne) et peuplé de 12 millions d’habitants (l’équivalent de l’île de France), le Rwanda est un des pays les plus pauvres du monde: le PIB par habitant est 25 fois plus faible qu’en France, et seule une minorité de la population a accès à l’électricité, mais cela pourrait bien changer à l’avenir, grâce au lac Kivu.

Le lac Kivu, vous connaissez? Ce lac, faisant 5 fois la taille du lac Léman, pose un petit problème… Le lac étant d’origine volcanique, des quantités phénoménales de méthane (l’équivalent du gaz de ville) est dissous dans les profondeurs du lac… Et pas qu’un peu: 55 milliards de mètres cubes y sont dissous, soit plus que la consommation annuelle française en gaz naturelle…

Petit problème: le lac est saturé en méthane, et en cas de remontée soudaine du méthane, des quantités phénoménales de ce gaz remonterait à la surface, ce qui asphyxierait les habitants situé au bord du lac ou alors, le méthane pourrait exploser en contact avec l’air, et créer des gigantesque incendies. Le lac contient également 256km3 de co2 (plus que la production annuelle de co2 en France)… En 1986, un lac similaire (lac Nyos) mais 3 000 fois plus petit a connu une remontée de gaz. Bilan: 1 700 morts. Imaginez les effets d’une remontée de gaz sur un lac 3 000 fois plus volumineux où vivent 2 millions de personnes à ses alentours…

La solution

Mais une solution a été trouvée: le gaz était extrait par un brasseur local pour alimenter les besoins d’une brasserie, mais le gouvernement a décidé d’aller plus loin, et d’extraire le gaz du fond du lac pour alimenter une centrale électrique de 25 MW, afin de limiter les quantités de gaz contenue dans le lac (et donc le risque d’un accident gravissime en cas de remontée de gaz) et de quoi produire de l’électricité très bon marché. A long-terme, jusque 100 MW pourrait être produit grâce au lac, permettant de multiplier par 4 la production électrique du Rwanda.

Mieux: le co2 serait réintroduit au fond du lac, et vu la quantité de méthane contenue dans le lac, il faudrait environ 1 000 ans pour épuiser le méthane contenu dans le lac à ce rythme là… sans compter que du nouveau méthane arrive en permanence dans le lac en raison du volcanisme ambiant, donc le lac n’est pas prêt de s’épuiser en méthane… En savoir plus

Méthode 2: La centrale aux déchets

Quittons l’Afrique désormais et rendons nous au Mexique, plus précisémment à Mexico City, immense ville de plus de 21 millions d’habitants. Jusqu’ici la majorité des ordures de la capitale mexicaine se dirigeaient droit vers Bordo Poniente, une immense décharge à ciel ouvert… Le problème, cette décharge est devenue monstrueuse en taille, et pose des problèmes sanitaires, sans compter le dégazement de la décharge sous forme de méthane.

Or, plutôt que de laisser du méthane (gaz à effet de serre 20 fois plus puissant que le cO2) s’échapper, un consortium industriel a décidé de capter ce méthane pour en produire 58 MW d’électricité (l’équivalent de la consommation en électricité de près de 200 000 habitants au Mexique). Autant d’effet de serre en moins (le co2 produit par la combustion du méthane est 95% moins nocif en effet de serre que le méthane qui aurait de toute facon été relaché dans l’atmosphere) et d’électricité en plus pour le pays 😉 En savoir plus

Méthode 3: Le chauffage produit pour la nourriture

Comme le dit la France, on n’a pas de pétrole (quoique, cf  sables bitumineux en île de France. Rien que les réserves de l’île de France sont de 65 milliards de barils, soit plus que les réserves de la Libye sans compter les réserves de pétrole de Guyane Française) mais on a aussi des idées… Prenons l’aéroport d’Orly. Deuxième plus grand aéroport de France, 27 millions de voyageurs transitent par  l’aéroport chaque année… Autant dire que l’aéroport dispose de bâtiments imposants, qu’il faut… chauffer… La demande en énergie des bâtiments est énorme…

Lire aussi :   Maison passive Ardennes

Plutôt que d’utiliser des énergies fossiles, l’aéroport d’Orly innove. Non loin de là se trouve  le marché de Rungis, plus gros marché alimentaire de France… Les déchets produits là bas sont énormes et sont brûlés… La chaleur est récupérée pour chauffer le marché lui même, mais une partie de la chaleur est envoyée à l’aéroport d’Orly, ce qui permet de couvrir 10 à 20% des besoins de chauffage de l’aéroport (source)

Enfin, une centrale géothermique a été mise en place et couvrira la moitié des besoins de l’aéroport à un prix 6 fois inférieur au gaz naturel. Bref, Orly sera un aéroport majoritairement chauffé avec l’énergie du sol et de la nourriture… (source)

Méthode 4: Le chauffage centrale informatique

On connait tous le chauffage au fioul, au gaz ou électrique… Mais qui connait le chauffage informatique? C’est pourtant une nouvelle façon de se chauffer.Explications.

Internet, sous ses allures immatérielle, est en fait le fruit d’immenses ferme de serveurs relié par des cables les uns aux autres… Les serveurs informatiques produisent autant de co2 que la totalité du secteur aérien… car ils consomment beaucoup d’électricité, or l’électricité est majoritairement produit avec les centrales thermiques dans le monde.

Le problème des serveurs est double:

– Ils consomment beaucoup d’électricité, qui se transforme en chaleur (effet Joule)

– Les fermes de serveurs ont besoin d’être climatisées pour que la chaleur dans la salle ne soit pas trop élevée. Sans climatisation, l’excès de chaleur ferait griller les serveurs…

Pour remédier à ce problème, Facebook a installé de nouveaux serveurs à Lulea non loin du cercle arctique (source). La température moyenne de l’année est très basse (2°C) ce qui limite d’autant le besoin de climatisation des serveurs informatiques et permet de faire d’importantes économies d’énergie.

Plus près de chez nous, en France, OVH est le plus gros hébergeur de sites web en France. Il héberge plusieurs millions de sites Internet sur 120 000 serveurs… Autant dire que la consommation électrique est énorme…  Pour limiter sa consommation électrique, OVH utilise un système de refroidissement à base d’eau, 2 fois moins gourmand en électricité que les système de climatisation classique (en savoir plus), ce qui a permis à la société de baisser ses prix à ses clients… Et un projet de chauffage centrale au serveur serait en projet… des serveurs informatiques seraient installés dans des immeubles d’habitation, et la chaleur serait ensuite utilisée pour chauffer les logements du dessus 😉

EuroDisney a également en projet de chauffer ses bâtiments grâce aux serveurs informatiques (source) tout comme Microsoft (en savoir plus)

Méthode 5: Les incinérateurs convertisseurs

Encore en France… Au Nord de Dijon, les déchets sont désormais incinérés dans un incinérateur qui produira également 9 MW d’électricité, l’équivalent de la consommation électrique de 9 000 habitants… (source). Au Sud de Dijon a été installé une chaufferie au bois d’une capacité de 30 MW… Au final, 80% du réseau de chaleur du grand Dijon sera produite de façon renouvelable et durable (source)

Méthode 6: L’électricité à base de bouse de vache

La bouse de vache a longtemps représenté l’une des principales source d’énergie en Inde. Il faut dire qu’une vache fait 12 bouses par jour qui une fois séchées constituent un excellent combustible (source1, source2). Sur ce principe, une centrale électrique de bouse de vache a été installée au pays bas, permettant de fournir de l’électricité à 1 200 habitants (en savoir plus).

D’ailleurs, Google (tout comme HP), grand consommateur d’électricité, après avoir investi dans les éoliennes et dans le solaire, et préférant utiliser des chèvres plutôt que des tondeuses à gazon pour tondre ses pelouses, est en train de réfléchir à alimenter ses serveurs informatiques… grâce à de la bourse de vache (source)

Synthèse

Nous vivons dans un monde de pénurie, où d’un côté, la demande en énergie ne cesse d’augmenter (hausse de la population mondiale, urbanisation,croissance économique) et les réserves diminuent de l’autre, sans même compter la menace du réchauffement climatique… Ceci étant, restons optimiste: les solutions ne manquent pas pour une transition énergétique durable. Plus l’énergie rare, plus elle sera chère, et plus les hommes économiseront l’énergie… ou innoveront pour en trouver d’une manière ou d’une autre.

Cet article est désormais terminé. J’espère qu’il vous a plu et bonne journée sur eco-malin.com

 

8 commentaires

  1. Hello Martin,

    J’adore l’idée de pouvoir chauffer des immeubles en utilisant la chaleur dégagée par les serveurs.
    Quand tu vois les dépenses monstrueuses nécessaires au refroidissement des fermes de serveurs, cela vaut en effet le quoi se poser la question « et pourquoi ne pas utiliser toute cette chaleur ? »

    C’est dans ces moments là que je trouve l’espèce humaine fascinante. On est capable de créer les pires horreurs d’un point de vue écologique et 30 ans après de les repenser totalement pour en faire des sources d’énergie eco-friendy.

    J’espère que Google va se lancer aussi dans ce domaine. Avec près d’un million d’un serveur, ils ont de quoi chauffer quelques habitations !!!!

  2. Bonjour Fabrice

    En effet, l’humain est créatif dans le domaine… Je me rappelle un livre où ils disaient qu’à New York, les gens se plaignaient de la puanteur du à la pollution, aux accidents de la circulation… du à l’utilisation excessive des chevaux… L’automobile est arrivée comme un énorme progrès: moins d’accidents, moins de puanteur dans les rues…

    Le progres n’arrive pas toujours volontairement, souvent par erreur – cf invention de l’aspartame par exemple – mais l’humain est créatif quand il le veut 😉

    Ps: A titre personnel, à l’ESC Dijon, c’était toujours l’ambiance Caraibes dans la salle informatique. Je dirai une température moyenne de 28°C été comme hiver… alors qu’il n’y avait que 30 ou 40 ordinateurs par salle de mémoire comme quoi…

  3. Bonjour Martin,

    voici quelques bonnes idées de production d’énergie.

    Il faut bien garder en tête qu’il n’y pas qu’une solution au défi énergétique qui nous attend, mais plusieurs qui combinées permettront à tout un chacun d’avoir accès à l’énergie (chauffage, électricité, transport, …)

    J’aime bien également le concept de récupérer la chaleur produite par les serveurs.

    Ceci dit, pour moi, il faut commencer par repenser notre consommation d’énergie. L’isolation est pour ça essentielle. Tu en parles d’ailleurs abondamment sur ce site.

    Bon week end!

  4. En effet, moins et mieux consommer est nécessire, et surtout recycler, la question n’est pas de ne pas produire de déchet, mais savoir le recycler (vautours mangent des cadavres, le vieux bois se transforme en humus…), comme le dit l’adage « rien ne se perd, rien ne se cree, tout se transforme » sauf chez les humains, ou les déchets sont vraiment mal gérés (généralement incinérés ou stockés en décharge par exemple). L’humain gagnerait à s’inspirer davantage de la nature selon moi 🙂

  5. Les serveurs des grandes entreprises informatiques servent à maintenir en ligne sur internet en permanence toutes leurs données. Ces banques de serveurs peuvent couvrir plusieurs hectares, et sont appelées data centers, ont centres de données. Leur consommation électrique propre est comparable à celle d’ordinateurs classiques, mais il s’y ajoute la nécessité de les maintenir à une température optimale généralement grâce à un système de climatisation. C’est ce point qui fait grimper la facture d’électricité des serveurs informatiques.

  6. En effet. Quand j’étais étudiant en école de commerce, je me rappelle que la salle informatique était la seule à être à 28°C même en plein hiver, alors qu’il n’y avait que 30 ou 40 PC allumés dans la salle, donc je n’ose pas imaginer pour un data center… Saviez-vous que Facebook a installé un data center à Lulea, au nord de la Suède, pour limiter ses besoins en refroidissement?

  7. Savez-vous qu’une requête Google Savez-vous qu’une requête Google équivaut environ à 60 mètres en voiture ? Qu’un post sur 321TOTO r) revient à 2 km ? Oui, utiliser Internet s’avère fortement addictif mais aussi polluant dans le sens où les serveurs consomment de l’électricité et dégagent de la chaleur. Or, quand on sait que le nombre d’internautes est estimé à 1,5 milliard, on comprend qu’il est temps d’apprendre quelques astuces pour naviguer sans trop détruire la planète.

  8. Bonjour Marie

    Les chiffres varient à ce sujet mais vous avez raison d’évoquer le bilan carbone des activités Internet. Les serveurs informatiques consomment à l’échelle mondiale 2% de l’énergie, autant que la totalité du transport aérien pour se donner une idée de la chose.

    Ceci étant, il faut comparer un chat un chat. D’une part, chacun a sa responsabilité. Google se fournit massivement en énergie vert, libre à chacun d’acheter de l’électricité verte pour surfer sur Internet de façon verte. Par ailleurs, mieux vaut effectuer quelques recherches sur Google ou acheter sur Amazon, ou prendre la voiture pour aller à la bibliothèque ou au centre commercial? Au final, je pense que le secteur Internet demeure l’un des secteurs économiques les plus propres malgré tout

    A bientôt

    Martin

Publier une réponse

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

3 × 2 =

Lire plus

Articles Liés